CLARA CORNIL
Qu’une griffure de lumière, Clara Cornil (2016)
À l’échelle du lieu, la création de la cie Les Décisifs, Qu’une griffure de lumière s’inscrit dans une tradition de la pièce paysage, tout en extrapolant les principes de la kinesphère labanienne. Pour Laban, le mouvement en tant qu’ « architecture vivante » s’élabore à partir d’une perspective corporelle intériorisée. Au moyen de perches télescopiques bicolores, les danseuses — car il s’agit d’un groupe exclusivement féminin — fouettent l’air, griffonnent des lignes de fuite, hachurent l’espace de zébrures provoquant une succession de séquences, décadrages et décentrements. Le maniement de ces simples cannes à pêche en carbone esquisse des architectures, villes éphémères, perpétuellement redessinées. Extrémités flexibles, sûres ou tâtonnantes elles prolongent et amplifient tels des pinceaux le travail des bras. Ce sont les longues et vibrantes antennes qui précèdent dans son vol l’Adelidae, celles hérissées sur la crête du Porc-épic ou bien les tiges ondoyantes des graminées. Dans leur verticalité, telles des lances, elles corrigent l’alignement de la colonne vertébrale. Et l’on croirait voir des amazones sortir des toiles d’Uccello ou bien André Cadere traverser une avenue.